Il était une fois un petit sapin qui n'était jamais content. Tous les arbres, autour de lui, avaient des belles feuilles vertes ; lui n'avait que des aiguilles pointues. Et il soupirait :
« Comme je voudrais avoir des jolies feuilles, des feuilles toutes en or pour que l'on m'admire ! »
Le lendemain, en se réveillant, il ne se reconnaissait plus :
« Que je suis content, disait-il. On m'a donné les feuilles d'or que je souhaitais ! »
Et tous les arbres chantaient avec leurs branches :
Le petit sapin,
il est tout en or !
Comme il est beau !
Mais le soir, un voleur qui passait par là cueillit toutes les feuilles et les mit dans un grand sac pour les emporter.
Et le petit sapin, tout dénudé, pleurait :
« On m'a volé toutes mes jolies feuilles d'or. Comme je voudrais avoir des feuilles tout en verre : ça brille aussi ! »
Le lendemain matin en se réveillant, il ne se reconnaissait plus.
« Que je suis content, disait-il. On m'a donné les feuilles de verre que je souhaitais ! »
Et tous les arbres chantaient avec leurs branches :
Le petit sapin,
il est tout en verre !
Comme il est beau !
Mais la nuit, le vent souffla en tempête et toutes les feuilles de verre tombèrent et se brisèrent.
Et le petit sapin, tout dénudé, pleurait :
« On m'a cassé toutes mes jolies feuilles de verre. Comme je voudrais avoir de belles feuilles vertes et souples comme les autres arbres : elles ne se casseraient pas ! »
Le lendemain matin en se réveillant, il ne se reconnaissait plus.
« Que je suis content, disait-il. On m'a donné les feuilles souples que je souhaitais ! »
Et tous les arbres chantaient avec leurs branches :
Le petit sapin,
il est tout en verre !
Comme il est beau !
Mais dans la journée, la chèvre arriva avec ses chevreaux :
« Tenez, mes petits, mangez ces feuilles neuves ; régalez-vous ! »
En sautant et cabriolant, les chevreaux attrapèrent toutes les feuilles ; il n'en restait pas une.
Et le petit sapin, tout dénudé, pleurait :
« On a mangé toutes mes feuilles souples.
On a cassé toutes mes feuilles de verre.
On a volé toutes mes feuilles d'or.
Que je suis malheureux ! Comme je voudrais retrouver mes aiguilles fines et solides ! »
Le lendemain matin en se réveillant, le petit sapin se reconnut tout à fait :
« Que je suis content, disait-il. On m'a rendu toutes mes aiguilles piquantes ! »
Et tous les arbres chantaient avec leurs branches :
Le petit sapin,
il est comme avant.
Il est bien plus beau.
On dirait un arbre de Noël !
D'après les « Contes d'ailleurs et d'autrefois », de Weiller.
Éditions Fernand Nathan.